Bien entendre, un problème ?

Pour être précis lorsque la perte de l’ouïe est partielle la personne est dite malentendante. S’il y a perte totale la personne est  dite sourde. On peut penser que le terme malentendant est moins difficile à porter, c’est une question de sensibilité sans doute.

L’origine de cette perte n’est pas toujours évidente et beaucoup n’entrent pas dans des recherches qui n’auraient pas forcément de réponse. Le traitement le plus fréquent consiste à appareiller une oreille voire les deux. L’audioprothésiste est le spécialiste à consulter pour le choix du ou des appareil(s). Au cours de plusieurs séances il travaille au réglage pas toujours évident.

Là les «  bienentendants » pensent que l’appareil remplace l’oreille, malheureusement non, l’ouïe reste altérée et l’audition continue à baisser. Être appareillé n’est pas une partie de plaisir, certains refusent de l’être et pourtant c’est une aide importante. Supporter un corps étranger dans et autour de l’oreille n’a rien de facile…Et encore dans le cabinet du « réparateur d’oreille » on est mis en confiance,  on se sent soutenu.

Mais, vient la confrontation avec l’entourage et là dans de nombreuses circonstances « la victime de perte d’audition » a la forte impression d’être incomprise et surtout d’avoir à se justifier car elle entend (sans jeu de mot) : -tu as bien tes appareils ?  - mais oui !  -ben à quoi ils servent ?  ce serait pire si…   -t’es sûre qu’ils sont bien réglés ?  -j’étais chez l’audio la semaine dernière, tu m’agaces ! –moi je serais toi j’y retournerais.  –dans trois mois, laisse moi tranquille.

Ces questions – réflexions mettent mal à l’aise et celui qui les pose ne s’en rend pas compte : il ne sait pas ce que c’est. Revenons à notre dialogue qui semblait terminé, il peut rebondir : -oh tu fais de la parano, c’est normal qu’on t’interroge, c’est pour t’aider. –tu parles m’aider ? Sache que je ne suis pas débile, je n’oublie jamais mes appareils car je n’entendrais rien et le suivi qui m’est accordé je le respecte . Alors fin du psychodrame .

Pour ne pas s’isoler et assurer ses relations sociales le malentendant doit savoir ECOUTER mais il y a des conditions :  - il peut bien entendre dans une ambiance calme, si son interlocuteur parle en face de lui, surtout pas dans son dos, dans un lieu bien insonorisé voire équipé d’une boucle à induction magnétique. C’est un appareil qui transmet des sons de bonne qualité à condition que l’interlocuteur utilise un micro et que le malentendants ait le programme T sur ses appareils. 

La loi du 11 février 2005 portant sur tous les handicaps énonce le principe général de l’accessibilité pour tous, mais les décrets et arrêtés d’application limitent les obligations de boucle magnétique aux établissements pouvant recevoir au moins 200 personnes. Cependant les établissements répondant à une mission de service public doivent en équiper les accueils. L’employé parle dans un micro, la boucle est allumée et le malentendant règle son appareil, surtout pas dans son dos ou la main devant la bouche !

Dans Le Morbihan, où Oreille et Vie est très attentive aux cinémas, certaines salles ou compplexes sont équipés en boucle magnétique, avec un résultat qui n’est pas toujours bon. Plusieurs gérants préfèrent s’équiper d’émetteurs du son, des récepteurs, avec casque ou boucle magnétique, pouvant être demandés aux acccueil. Mais les réglages ne sont pas toujours bons.

Enfin bien qu’il y ait des progrès, la perte d’audition est un handicap mal connu parce qu’invisible, alors comment bien vivre en société ? Comment ne pas s’isoler ? Un conseil ne pas hésiter à parler de son handicap quitte à affronter des questions des regards souvent gênants, passage obligé pour avoir une vie sociale « normale » et rencontrer une association de malentendants.

Pour conclure, en France plus de six millions de malentendants sont concernés.

A.B.